Le Réseau Ouest Africain des Défenseurs des Droits Humains a rendu publique une déclaration lors de la 66ème session ordinaire de la Commission Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples. Une déclaration dans laquelle le ROADDH salue les efforts consentis par les pays de la sous-région ouest africaine dans la lutte contre la pandémie du Covid-19 et apprécie à sa juste valeur l’adoption par le Niger en Janvier dernier d’un projet de loi visant à incriminer davantage la torture.
Integralité dé la déclaration
Déclaration du Réseau Ouest Africain des Défenseurs des Droits Humains (ROADDH) à la 66ème session ordinaire de la Commission Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples
Monsieur le Président de la Commission Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples,
Honorables Commissaires, tout protocole strictement observé.
Le Réseau Ouest Africain des Défenseurs des Droits Humains salue les efforts consentis par les pays de la sous-région ouest africaine dans la lutte contre la pandémie du Covid-19 et apprécie à sa juste valeur l’adoption par le Niger en Janvier dernier d’un projet de loi visant à incriminer davantage la torture.
Concernant la riposte à la pandémie de la COVID-19, le ROADDH estime que les Etats de la sous-région auraient obtenu de meilleurs résultats en adoptant une approche basée sur les droits de l’homme inclusive de la société civile.
Parce que ce ne fut pas le cas, la riposte à la pandémie s’est commuée en une remise en cause des instruments africains et universels des droits de l’homme. Le droit à la santé, à la sécurité, à la vie, à la liberté de réunion et de manifestation pacifique et son corolaire la liberté d’expression de même que la liberté de circulation ont été mis à rude épreuve, lors de la riposte à la pandémie de la COVID -19, entrainant des atteintes à l’intégrité physique des personnes, des arrestations et détentions et plus de 20 morts seulement en 15 jours de couvre-feu dans la sous-région.
Les « armes ne se sont pas tues » en Afrique de l’Ouest. Le Réseau est conscient des attaques terroristes dont est victime la sous-région.
Cependant le contre-terrorisme ne saurait justifier ni le génocide contre les populations peules au Burkina Faso encore moins l’exécution extrajudiciaire et la mutilation des corps de deux Touaregs par des soldats nigériens à bord de véhicules blindés.
De même la réponse aux revendications légitimes de nos peuples ne devrait non plus être la baïonnette comme le Mali vient encore de le prouver, la prison, encore moins l’exil.
Les menaces et harcèlements dont font l’objet les Défenseurs des Droits de l’homme en cette période renforcent l’auto-censure En exemple, Un défenseur des droits de l’homme du Burkina Faso a retrouvé une balle de fusil à l’entrée de son domicile, alors même qu’au même moment les corps de deux de ses collègues assassinés il y a un an sont toujours à la morgue et les enquêtes piétinent.
Nonobstant l’appel de l’Organisation Mondiale de la Santé et de la Haut-Commissaire des droits de l’homme des Nations Unies exhortant les Etats à libérer les prisonniers, des arrestations et détentions des défenseurs des droits de l’homme et d’hommes politiques se sont opérées dans la sous-région, tel qu’en témoigne l’arrestation et la détention de Mamame KARAMI, Moustapha ADAM dit OBAMA, Moudi MOUSSA, Halidou MOUNKAILA, Maikoul ZODI et la journaliste et bloggeuse Samira SABOU au Niger en pleine pandémie.
C’est dans ce contexte Monsieur le Président, Honorables Commissaires que, le Réseau demande humblement à la Commission d’insister auprès des Etats suivants pour la remise en liberté des défenseurs des droits de l’homme :
– Au Niger: Mamame KARAMI, Moustapha ADAM dit OBAMA, Moudi MOUSSA, Halidou MOUNKAILA, Maikoul ZODI et la journaliste et bloggeuse Samira SABOU.
– Au Nigéria : Aboubacar IDRISS A.K.A, Abubakar, Mubarak BALA et MOHAMMED YUSUF alias AGY dans l’Etat de Kano-, Gabriel OGBONNA -Etat d’Abia-,
– Au Bénin : Nora OKOUMASSOU et le syndicaliste Laurent METOGNON
– En Sierra Léone : Docteur Sylvia BLYDEN, Aisata PAOLO Conteh, Hussain MUCKSON.
– En Guinée, Saikou Yaya DIALLO, Fassou GOUMOU, Oumar SYLLA alias Fonikè Mangué, et toutes les personnes arrêtées pour s’être opposées au 3è mandat du Président de la République
Enfin, le Réseau voudrait solliciter de la Commission qu’il soit demandé au Burkina Faso de prendre des dispositions urgentes pour rendre les corps des défenseurs assassinés en 2019 afin de permettre à leurs proches de faire le deuil.
Monsieur le Président,
Honorables Commissaires,