La pandémie de COVID-19 a envahi progressivement les pays du monde dont le Bénin. Les premiers cas sont détectés à partir du 16 mars 2020. Cette pandémie a engendré des conséquences sanitaires, sociales et économiques pour le monde entier. La non-maîtrise de la propagation du virus au Bénin peut être fatale pour les femmes et les enfants. Le gouvernement, dans sa riposte contre la propagation du virus, a pris un certain nombre de mesures préventives à l’endroit de la population béninoise. Parmi ces mesures, on peut citer l’instauration d’un cordon sanitaire pour mieux maitriser la propagation de la COVID-19 dans les villes dans lesquelles les premiers cas ont été détectés. La décision plus tard du gouvernement par rapport à la levée du cordon sanitaire, autour des foyers de contamination dans le sud du pays plus touché que le reste du pays a permis la relance de l’économie nationale avec un risque de propagation rapide du virus. Les autorités béninoises et les partenaires techniques et financiers ont a compris l’importance d’agir tôt pour apporter leur pierre à l’édifice pour soutenir davantage les groupes de personnes en situation de vulnérabilité dont les enfants et les femmes en particulier.
A la date du 21 juillet 2020, le Bénin a enregistré au total 1770 cas confirmés, 1036 cas guéris et 35 décès ( https://www.gouv.bj/coronavirus/). Le Bénin compte 10.008.749 personnes dont 51,2% de femmes. Les 5,30% de cette population ont moins de 18 ans, 55% des femmes béninoises et 36% d’hommes ne sont instruits (http://www.nada.insae-bj.org/index.php/catalog/RGPH). Les femmes s’occupent des soins des membres de leurs familles et contribuent substantiellement aux survies de leurs ménages. Elles sont très peu représentées dans les instances de gestion de COVID-19. Il se trouve que les femmes et les enfants sont les plus vulnérables au COVID-19 compte tenu de leurs activités qui nécessitent le contact avec d’autres personnes surtout dans les marchés et les écoles.
La mesures de distanciation sociale sont quasi difficiles à respecter dans les marchés compte tenu du contexte socio culturel et des pratiques de ces femmes qui sont à chaque fois à la recherche de clients. Malheureusement, on note un manque de dispositifs de lavage des mains dans plus de la moitié des ménages béninois (https://www.insae-bj.org/images/docs/insae-statistiques/enquetes-recensements/EDS/2017-2018/1.Benin_EDSBV_Rapport_final.pdf). Ce manque de dispositifs de lavage des mains est un facteur favorisant la propagation du virus à une vitesse incontrôlable. Hormis les grandes villes du Bénin où les populations s’éfforcent à respecter les gestes barrières, en milieu rural certaines personnes restent encore sceptiques par rapport à l’existence de cette pandémie. Le même constat est fait dans les lieux de culte qui sont fréquentés par une grande partie des femmes béninoises.
Sur le plan sanitaire, le plateau technique est défaillant et ne permet pas d’offrir des soins de santé de qualité malgré les efforts fournis par les autorités ces dernières années avec des reformes dans ce secteur. (https://www.banouto.info/article/investigation-reportage/20190628-bnin-mdecins-public-engrenage-plateau-technique-problmatique/). La proportion de la population active de sexe féminin occupée est de 41,2% dont 43,2% en milieu urbain et 39,6% en milieu rural. (http://www.nada.insae-bj.org/index.php/catalog/RGPH).
Le secteur informel constitue la principale source de revenu de la majorité des populations et le sous-secteur agro-alimentaire traditionnel est très largement contrôlé par les femmes (http://www.slire.net/download/1538/artisanat.pdf). On les retrouve très actives dans les marchés où elles sont plus exposées au COVID-19. Le risque de contamination est élevé dans ces marchés à cause de la promiscuité, des interactions, de la manipulation de l’argent et l’insuffisance des règles de l’hygiène. Ces marchés ne sont pas dotés de dispositifs de lavage des mains. Malheureusement, le revenu issu de leur activité ne leur permet pas de s’offrir un service de santé de qualité.
Les activités économiques en général et celles des femmes en particulier ont été perturbées au cours de cette période de pandémie à cause de la limitation de la circulation des populations hors du cordon sanitaire. Cette situation a fragilisé le pouvoir économique des femmes à cause du ralentissement de leur activités économiques et l’augmentation du taux de chômage. (https://www.care-international.org/files/files/CARE_l%E2%80%99Afrique_d%E2%80%99_ Ouest_Analyse_Rapid du_Genre_COVID-19_Mai_2020_Final.pdf).
Ces femmes courent également le risque de subir les violences basées sur le genre car l’une des raisons qui favorisent ces violences c’est la faiblesse de leur pouvoir économique. Les charges des ménages pourraient donc se reposer plus sur les hommes qui ne sont guère épargnés des effets néfastes de cette pandémie. Le manque de compréhension autour de la gestion des charges quotidiennes des ménages pourrait engendrer des violences conjugales.
Les enfants qui fréquentent les écoles peuvent contracter rapidement le virus et contribuer à sa propagation du fait de leur contact permanent avec leurs camarades et de l’organisation logistique des écoles qui n’avait pas prévue la mise en place d’une distanciation sociale d’un mètre au moins entre les enfants dans les salles de cours.
Même si cette pandémie a permis au gouvernent béninois de développer une stratégie innovante de lancement d’une plateforme de formation à distance au profit des étudiants., elle pourrait également agir sur les résultats scolaires des enfants qui sont restés confinés pendant deux mois environs sans aller à l’école et surtout chez les jeunes enfants qui attentent le 11 Août 2020 pour reprendre le chemin des classes.
Somme toutes, les femmes et les enfants sont parmi les personnes les plus vulnérables au COVID-19, compte tenu des impacts socioéconomiques de cette pandémie sur ces groupes cibles.
Le gouvernement devrait mettre en place des mesures sociales pour soulager ces groupes cibles à travers l’intensification des séances de sensibilisation dans les médias, les marchés et les écoles comme c’est le cas au Maroc. L’Etat pourrait voir la possibilité d’organiser un dépistage systématique des femmes dans les marchés et celui des enfants dans les écoles dans l’optique d’une prise en charge rapide des personnes détectées positives au COVID-19. Il serait intéressant de protéger les activités économiques des femmes autant que possible à la suite de la levée des restrictions à travers le renforcement de système de micro-crédit aux plus pauvres.
Une analyse de Mélanie ASSOGBA ADJE, conseillère Genre et plaidoyer à CARE Bénin Togo