A l’occasion de la célébration de l’édition 2021 de la Journée Internationale de la Femme (JIF), la Coordonnatrice nationale du réseau WILDAF-Bénin livre ses impressions sur la célébration annuelle de cette journée. En notant que des avancées sont enregistrées en faveur des femmes dans la société béninoise, elle déplore cependant la persistance des violences basées sur le Genre (VBG), la non application des textes de promotion et de protection des droits de la femme ainsi que la faible représentativité des femmes dans les instances de prise de décision d’où son appel à l’endroit des gouvernants pour une volonté politique forte en vue d’inverser cette tendance.
Que représente pour vous la Journée internationale de la femme ?
Officialisée par l’ONU depuis 1977, cette journée couvre plusieurs événements à travers le monde avec comme objectif de célébrer les avancées des droits des femmes.
Dans le même ordre d’idées pour moi, il s’agit d’une journée au cours de laquelle il faut réfléchir, échanger, se mobiliser pour l’égalité entre les femmes et les hommes, faire le point sur ce qui a été fait, et ce qui reste à faire sur la question de la promotion des droits des femmes et sur la place dans la société. C’est aussi l’occasion de mettre en avant des initiatives qui placent les femmes au cœur de la création ainsi que leur participation à la vie sociale, politique et économique.
En tant que femme leader, quelle est votre appréciation de la condition de la femme au Bénin?
Au Bénin, on note beaucoup d’avancées dans le domaine de la promotion des femmes en termes de cadre légal et réglementaire et institutionnel. Toutefois malgré la richesse de l’arsenal juridique protégeant les droits des femmes, il est malheureusement constaté que la condition de la femme béninoise n’est pas des plus reluisantes. La représentation des femmes dans les instances de prise de décision demeure encore très faible. Très peu de femmes sont positionnées en tête de liste. Le taux de représentation à l’Assemblée Nationale, de 2015 à 2019 n’a tourné qu’autour 7 et 8,43%. La législature actuelle (2019-2023) n’a enregistré que 7,22% de femmes députés.
La situation est pareille au niveau des postes nominatifs : au niveau du Gouvernement (8 femmes ministres sur 27 en 2014, soit une représentation de 26,62%), ce taux est descendu à 14,28% en 2016 (3 femmes sur 21) avant de remonter en 2019 à 20,83% (5 femmes sur 24) selon le rapport de l’étude monographique sur la situation des femmes réalisée par le Groupe de travail, jeunes, femmes, paix et sécurité avec l’appui du PNUD.
Par ailleurs, les femmes sont encore victimes de toutes sortes de violences, et d’inégalités dans diverses domaines (exemples difficultés d’accès aux ressources et outils de production : la terre, les intrants, le crédit, à l’héritage, etc.), toutes choses qui ne sont pas de nature à favoriser leur autonomisation économique.
Ces quelques exemples parmi tant d’autres illustrent un tant soit peu la situation de la femme qui s’est aggravée avec les conséquences de la pandémie du COVID 19 (recrudescence des violences à l’égard des femmes du faite du confinement, limitation des activités économiques, recrudescence des grossesses précoces des filles etc.)
3) Quelles sont les initiatives de votre organisation pour améliorer la situation des femmes et des filles dans notre pays ?
WiLDAF/FeDDAF-Bénin, fidèle à son objectif de promotion et de défense des droits humains en général, de la femme, la fille et de la personne handicapée en particulier n’a pas cessé de mener des actions visant l’amélioration de ces cibles. Entre autres, nous menons des actions de sensibilisation, de formation et de plaidoyer pour l’accès sécurisé des femmes à la terre, accompagnement des groupements de femmes en vue de promouvoir la professionnalisation et la diversification de leurs activités génératrices de revenus, les droits sociaux et économiques des femmes membres d’organisations paysannes dans l’Atlantique grâce à l’Appui de la Fondation Anesvad, promotion des droits sexuels et reproductive des femmes et des filles dans les départements du Zou et des Collines (avec l’appui de l’Union Européenne) et synergie d’actions avec d’autres organisations de promotion des droits des femmes pour une meilleure prise en compte des droits de la femme
Quelles sont vos principales attentes pour une meilleure participation de la femme aux instances de prise de décisions ?
Comme attentes, je peux mentionner l’application effective des textes existants à travers la prise de décrets d’application, le renforcement de l’éducation des femmes et des filles, l’adoption d’une loi sur l’égal accès des hommes et des femmes à tous les niveaux de décision, aux fonctions nominatives, électives tant au niveau national qu’international,
Votre mot de fin à cette interview.
L’atteinte de tous ces objectifs dépend aussi d’une réelle volonté politique ne serait-ce que pour la mise en œuvre de l’existant. Cette volonté politique permettra de connaître d’amélioration. Et enfin il faut qu’aussi bien les hommes que les femmes encouragent et accompagnent les femmes qui ont le courage d’aller en politique.
Entretien réalisé par Aclan OMIOTAN