L’administration américaine a imposé des sanctions économiques contre Fatou Bensouda, procureure de la Cour pénale internationale. Une décision inédite. Mercredi 03 septembre 2020, l’administration américaine a annoncé imposer des sanctions économiques contre Fatou Bensouda, procureure de la Cour pénale internationale. « Aujourd’hui, nous passons de la parole aux actes car la CPI continue malheureusement de viser des Américains », s’était vanté le secrétaire d’État Mike Pompeo. « Tout individu ou entité qui continuera à assister matériellement ces individus s’expose également à des sanctions. Nous ne tolérerons pas les tentatives illégitimes de la CPI de soumettre les Américains à sa juridiction », a-t-il ajouté.
Autre sanction : Phakiso Mochochoko, directeur de la division de la compétence, de la complémentarité et de la coopération de la CPI a lui aussi été inscrit sur la liste noire.
La raison de la colère de la Maison-Blanche : la volonté de la CPI de poursuivre des militaires américains pour leur implication dans le conflit en Afghanistan, après la décision de justice rendue en mars dernier, autorisant l’ouverture d’enquête pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité en Afghanistan -le pays est membre de la CPI, contrairement aux États-Unis.
La procureure de la CPI, Fatou Bensouda, espère mener une enquête sur des exactions qui auraient été commises par des soldats américains dans le pays où les Etats-Unis mènent depuis 2001 la plus longue guerre de leur histoire, mais aussi sur des soupçons de torture formulées à l’encontre de la CIA.
Les États-Unis, qui ne sont pas membres de la CPI, s’étaient déjà opposés à l’ouverture d’une telle enquête et avaient révoqué le visa de la magistrate gambienne l’an dernier.
« Une nouvelle attaque éhontée contre la justice internationale »
En juin dernier, l’administration américaine avait proféré cette menace de sanctions, dénonçant «une attaque contre les droits du peuple américain et [une menace] d’empiéter sur notre souveraineté nationale» et «la corruption» aux «plus hauts niveaux» du tribunal international, notamment au sein des services du procureur. Mais son application «constitue de graves attaques contre la Cour, le système de justice pénale internationale» et «l’État de droit en général», avait répondu la CPI.
L’ONG Human Rights Watch a, pour sa part, évoqué «une perversion ahurissante des sanctions américaines, censées pénaliser ceux qui violent les droits humains et les kleptocrates, utilisées ici pour persécuter ceux qui sont chargés de juger les crimes internationaux».
De même, Amnesty International avait condamné «une nouvelle attaque éhontée contre la justice internationale». «Les actes de la Maison-Blanche risquent de dissuader les rescapés de violations des droits humains de réclamer justice, a déploré Daniel Balson, l’un des dirigeants de cette organisation, accusant l’administration Trump de pratiquer «le harcèlement et l’intimidation».