Depuis plusieurs semaines, l’actualité rime avec la recrudescence des cas d’atteintes aux droits de l’enfant notamment des cas de viols sur mineures dans certaines régions du Bénin. En vue de comprendre les causes possibles de cette situation et mieux appréhender les contours des atteintes, votre journal a rencontré l’avocate au Barreau du Bénin, Alexandrine Saïzonou Bédié. Femme et activiste des droits de l’enfant et de la femme, l’ancienne présidente de l’Association des Femmes Avocats du Bénin (AFA-Bénin) apporte des éclairages.
Droits Humains Infos : Que peut-on entendre par viol sur mineure?
Pour définir le viol sur mineure, on va se référer aux différents textes parce qu’au Bénin, il y a trois (03) différents textes disponibles en ce qui concerne le viol.
La loi 2011- 26 du 09 janvier 2011 définit le viol comme tout acte de pénétration vaginale, anale ou buccale par le sexe d’autrui ou par la pénétration vaginale ou buccale par un quelconque objet sans le consentement intelligent et volontaire de la personne pénétrée. Le code de l’enfant aussi à sa définition, qui dispose que c’est tout acte sexuel imposé par une contrainte physique sans le consentement intelligent ou volontaire de la victime.
Dans l’un ou l’autre cas, ce qu’il faut retenir est qu’il faut une pénétration vaginale ou buccale sans le consentement intelligent de la personne qui a été pénétrée.
La pénétration n’est pas nécessairement par le sexe. Cela peut être un objet, le doigt, la langue ou n’importe quelle autres choses. Dès lors qu’il y a eu une pénétration du sexe de la personne, il y a Viol. Des lors que la personne n’a pas consenti une relation et que vous passez à l’acte il y a viol.
Que comprendre alors par consentement intelligent ?
Le législateur à bien mis un accent sur le consentement intelligent. Relativement aux enfants, l’enfant de moins de 16 ans n’a pas de consentement valable. Même si l’enfant de 16 ans est venu se donner à vous, des lors que vous passez à l’acte vous avez commis le viol car l’enfant de 16 ans n’a pas de consentement valable.
Quelles pourraient être les causes de cet acte ?
Les causes sont nombreuses. Il y a le vice, l’irresponsabilité de certaines personnes, le manque de respect de la personne physique, c’est comme si le viol sur mineure est devenu un rituel, les gens ne savent plus garder leur dignité. Celui qui veut se satisfaire doit aller vers des personnes âgées et non des enfants.
Que pensez vous de la recrudescence des cas de viols sur mineures dans certaines régions du pays ?
C’est une question de responsabilité, les parents sont devenus irresponsables aujourd’hui. Pendant les périodes de vacances, de congés ou de repos, les parents doivent s’organiser de telle sorte que quand ils ne sont pas là, il y ait une personne responsable qui aura un regard sur les enfants. Des fois les parents sont là, la maman est en train de vendre dehors, l’enfant est seule dans la maison dans une maison où ils sont nombreux le co-locataire a le temps de rentrer dans la maison pour violer l’enfant.
Toutes les femmes ne sont pas destinées à travailler et avant çela ne gênait pas nos mères de rester à la maison pour nous suivre mais aujourd’hui il y a une promotion de la femme. Toutes les femmes doivent pouvoir exercer une activité génératrice de revenu donc toutes les femmes sont sorties des maisons. On veut faire des femmes leaders, et toutes nos maisons sont vidées et les domestiques que nous prenons sont venues avec leurs éducations et parfois même ce sont ces domestiques qui deviennent des prédateurs de nos enfants. C’est peut être la domestique qui amène votre enfant à coucher avec elle.
Les parents doivent être plus regardant et doivent s’organiser. On ne sait quel genre de films les enfants regardent à la télé, les types de relations qu’ils entretiennent entre eux. Ils font ce qu’ils veulent et ils manquent une vraie attention. Parfois, c’est le père qui couche avec son enfant ou c’est la mère qui couche avec son propre enfant. Il y a une déliquescence de nos mœurs, plus rien n’est sacré. Il faut qu’on revienne à nos vraies valeurs.
Quelles sont les conséquences sur l’avenir des victimes ?
Les conséquences sont nombreuses parce que l’enfant qui est violé plus tôt, plus jeune, vous ne savez pas tout ce que l’enfant a pu ressentir car l’enfant n’a pas pu s’exprimer et c’est peut être en grandissant que l’enfant réalise ce qu’on lui a fait. Ça peut amener certains enfants à être très rebelle, ça peut rendre malade un enfant physiquement car on a connu des enfants qui ont été violées de manière sauvages, on a été obligé de recoudre plutôt leur verges et c’est traumatisant pour un enfant.Cet enfant peut sauter sur tous les pantalons qu’elle voit parceque très tôt elle a été violée comme çela peut être l’effet contraire ou la fille ne va pas pouvoir supporter un homme ou ne pas pouvoir tenir dans un ménage. Le drame c’est que au Bénin on a pas des statistiques pour un un enfant qui a été violé, a été suivi jusqu’à sa majorité. On a pas des statistiques en la matière. Il devrait y avoir un suivi par un psychologue, des visites de l’assistante sociale à la famille pour voir comment l’enfance à évoluer, on a pas des statistiques. Il faut une étude pour permettre d’évaluer les préjudices et tout dépendra sur un enfant qui a été violée plus tôt et qui avait déjà le discernement quand il où elle a été violé. Le viol n’est pas seulement un homme et une femme c’est aussi la sodomie. La sodomisation des jeunes garçons aussi est un viol.
Quelles sont les dispositions prévues par la loi pour punir cet acte ?
Les dispositions sont connues. Des sensibilisations ont été faites sur le sujet à plusieurs reprises. Ce qu’il faut retenir est que pour le viol c’est une peine de dix (10) à vingt (20) ans d’emprisonnement. Il y a des circonstances aggravantes, lorsqu’il y a un lien de famille, lorsque vous avez une certaine autorité sur l’enfant, la peine c’est de quinze (15) à vingt (20) ans. Mais quand c’est un enfant de moins de treize (13)ans c’est la perpétuité, si le viol a entraîné la mort,c’est la perpétuité également.
Selon vous, quels sont les mécanismes à envisager pour une meilleure prise en charge et un suivi de ces victimes ?
Je voudrais dire à ces gens qui se livrent à cet acte que soit ils sont malades et il faut qu’ils aillent se faire soigner, soit ils le font exprès. Ainsi, la loi doit leur être appliquée dans toute sa rigueur. Que ceux qui s’adonnent à cet acte sachent qu’ils courent un emprisonnent à perpétuité. Je dirai aux parents d’être vraiment Parents. De ne pas être parents pressés, un parent qui n’a jamais le temps pour son enfant qui est là à chercher de l’argent parce que vous passez votre vie à dire c’est pour les enfants. Et si vous courez pour ces enfants qui ne sont pas équilibrés, qui ne sont pas saints vous aurez couru pour rien. Chacun à son niveau doit prendre ses responsabilités et par rapport à l’Etat je dirais qu’il est temps d’avoir des structures prévues par le code de l’enfant pour récupérer les enfants en danger morales, les jeunes filles , les petites filles qui dorment sous les ponts qui sont dans les marchés qui sont violés tout le temps,leur offrir une famille lorsqu’elles n’ont personne, les suivre lorsqu’ils/elles sont victimes de violences basées sur le genre ou des violences sexuelles et lorsque le dossier arrive devant les juridictions, il faut qu’il y ait des assistants sociaux des psychologues pour les suivre et qu’on mette à la disposition des organes compétents des moyens. Les Cps sont saisies des cas de viols mais n’ont pas de moyen. Les réquisitions sont envoyées devant les hôpitaux, on traine à les faire parce que le répondant n’est pas là,ils ne sont pas payés, la subvention de l’état ne vient pas à temps, que chacun assume sa responsabilité.