La problématique des grossesses en milieu scolaire reste préoccupante, malgré les efforts consentis par le gouvernement ces dernières années. En réponse à la recrudescence du phénomène des grossesses et abus sexuels en milieu scolaire, le gouvernement béninois a initié depuis 2018, l’introduction de l’éducation à la santé sexuelle, dans les programmes de formations dispensées au collège. Après plusieurs années d’implémentations, le journal Droits Humains Infos est allé à la rencontre de présidente de l’ONG Famille Nutrition Développement pour se pencher sur la thématique de l’Education à la Santé Sexuelle.
DHI: Parlez nous du Droit à l’Education Sexuelle et de son utilité ?
Héléna Enongandé CAPO-CHICHI: L’ESS est avant tout une question de droit à l’éducation pour les enfants et une obligation pour l’Etat d’assurer cette éducation à tous et à toutes. Il s’agit du droit des filles et fils du Bénin d’avoir accès à des informations pertinentes et scientifiquement vérifiées sur la thématique de la santé et des droits sexuels et reproductifs.L’ESS vient répondre aux besoins repères et de références des adolescents et jeunes en matière de quête d’informations sur le fonctionnement de leur propre corps et sur les différents types interactions qu’ils/elles ont avec leurs pairs.Ce programme a pour but de créer un cadre le dialogue approprié afin de mettre progressivement fin à l’éducation de la rue sur la santé sexuelle et tous les dérivés qu’on lui connait. Ainsi, ce sont les comportements sexuels responsables et les valeurs de vie qui sont prônés.A terme, les enfants seront capables de faire de choix éclairés et responsables au moment venus. Nous avons besoin des hommes et des femmes bien formés pour le développement du Bénin.
Quels sont les impacts de programme au Bénin ?
Les impacts sont perçus par tous les acteurs du système éducatif. A titre illustratif, la courbe des grossesses en milieu scolaire est en chute libre dès le démarrage de cette phase pilote. Alors qu’on dénombre plus de trois milles (3000) grossesses en 2017, l’introduction de l’ESS au Bénin a permis d’avoir moins de mille cinq cent (1500) pour l’année scolaire 2021-2022. La prise de conscience est plus accrue au niveau du corps enseignant, qui s’investit résolument à maintenir un environnement scolaire très sécurisé pour la rétention, l’achèvement et le succès des filles à l’école. Au-delà de tout, le tabou longtemps entretenu autour de ces sujets commence par s’estomper.
Selon vous, quels sont les acteurs de l’éducation à la santé sexuelle et quel est le contenu de ce programme ?
Les partenaires techniques et financiers, le gouvernement à travers la participation active de tous les ministères impliqués, l’administration des écoles, les différents corps d’encadrement, le corps enseignant, les organisations de la société civile, les leaders religieux, les parents… Toutes les composantes de la société sont des parties prenantes, il s’agit de l’éducation des enfants du Bénin. Nul ne sera de trop.Le contenu des messages est classé en trois catégories selon l’âge : 10-14ans, 15-19 ans et 20-24ans. C’est un contenu très bien soigné bien élaboré, adapté aux réalités socioculturelles du pays tout en restant attaché à la norme en la matière. Tout est fait avec minutie et précision.
Quel sera alors le rôle des parents dans l’éducation à la santé sexuelle, dans un contexte où le sujet demeure un tabou?
Il faut libérer la parole. Les parents ont pour rôle d’accompagner ce qui se fait déjà l’école. Concrètement, les parents doivent briser les barrières en créant une confiance mutuelle et entretenir le dialogue parents-enfant sur la sexualité. C’est la clé du succès de ce projet.Rassurer les enfants, poursuivre ce qui se fait déjà à l’école. Les nouveaux paradigmes de l’éducation font des parents les premières personnes responsables de l’éducation de leur enfant. La même règle est respectée pour l’ESS.
Propos recueillis par Gatien ELEGBEDE