Chaque année, au Bénin, Amnesty International Bénin publie son rapport annuel sur la situation des droits humains au Bénin, en Afrique et dans le Bénin.
Cette année, l’organisation a rendu public son rapport annuel 2024-2025, ce mardi 29 Avril 2025 à Cotonou en présence de plusieurs autorités et des hommes des médias
Le lancement du rapport annuel 2024-2025 sur la situation des droits humains dans le monde met en lumière aussi bien les atteintes aux droits humains constatées, que des succès remportés tout au long de l’année écoulée. Il donne un aperçu par région des principales préoccupations recensées en matière de droits humains et met l’accent sur certains faits et chiffres essentiels.
Au Bénin, la situation n’est pas très reluisante aux dires du directeur exécutif d’Amnesty International Bénin.
Dans la rapport présenté par Dieudonné Dagbeto, les droits à la liberté d’expression et de
réunion pacifique ont continué de faire
régulièrement l’objet de restrictions. Des personnalités de l’opposition ont été
maintenues en détention arbitraire. Les
conditions de détention ne respectaient pas
les normes internationales relatives aux droits humains concernant le traitement des détenu·e·s.
Des victimes d’expulsions forcées liées à des projets de développement touristique n’avaient
toujours pas reçu d’indemnisation
satisfaisante.
Des personnes ont été tuées par des groupes armés aux frontières avec le Niger et le Burkina Faso.
Un nouveau code électoral, dénoncé par
l’opposition, a été adopté en mars. Ce texte limitait la participation aux futures élections présidentielles, la prochaine étant prévue en 2026. Les tensions entre le Bénin et le Niger se sont accrues après le refus de celui-ci d’ouvrir ses frontières, et ce malgré la levée des sanctions imposées par la CEDEAO contre le Niger après le coup d’État de 2023. Cette mésentente a entraîné une hausse du coût de la vie au Bénin.
Steve Amoussou, ressortissant béninois, a été arrêté le 12 août à Lomé, au Togo, où il vivait. Il a été transféré au Bénin, où la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme l’a inculpé de « provocation directe à la rébellion, initiation et publication de fausses nouvelles sur les réseaux sociaux et harcèlement par voie électronique ». Son procès, qui a débuté le 7 octobre, n’était pas terminé à la fin de l’année. Les autorités béninoises l’accusaient d’être un cybermilitant connu pour critiquer les pouvoirs publics sous le pseudonyme « Frère
Hounvi ».
La direction du premier groupe de presse
privé du Bénin, La Gazette du Golfe, a
annoncé en février le licenciement de ses
200 employé·e·s à la suite du gel de ses
comptes bancaires par les autorités. La
Haute Autorité de l’audiovisuel et de la
communication (HAAC) avait décidé, le
8 août 2023, de suspendre « tous les
moyens de communication de masse » de ce
groupe, qu’elle accusait de « apologie de coup
d’État » en raison de la publication de
certains commentaires à propos de la
situation au Niger. En septembre, le président de la HAAC a menacé de suspendre les médias qui ne se
conformeraient pas aux exigences des
autorités concernant les informations liées au
terrorisme.
Le 26 avril, à Cotonou, les forces de sécurité
ont réprimé avec une force excessive une
manifestation syndicale contre le coût élevé
de la vie que le préfet du département du
Littoral avait interdite au motif qu’aucune
« demande d’autorisation » n’avait été reçue.
Plusieurs dirigeants syndicaux ont été arrêtés
puis remis en liberté le jour même. Le préfet
du Littoral a autorisé une manifestation
similaire à Cotonou le 11 mai. Le 30 décembre, plusieurs syndicats ont publié une déclaration dénonçant l’arrestation, la veille, d’un dirigeant syndical de Cotonou qui avait appelé les dockers à se réunir ce jour-là pour discuter de la
dégradation de leurs conditions de travail.
Les dockers ont annoncé qu’ils se mettaient
en grève et le syndicaliste a été libéré le jour
même, après avoir été présenté au procureur
de la République.
L’opposante Reckya Madougou était toujours détenue, bien que le Groupe de travail des
Nations unies sur la détention arbitraire ait
estimé en 2022 que sa privation de liberté
était arbitraire. Déclarée coupable de
« complicité d’actes terroristes » en
décembre 2021, elle purgeait une peine de
20 ans de réclusion.
Le 27 novembre, le procureur de la
République près le tribunal de Parakou a
annoncé l’ouverture d’une enquête et le
placement sous mandat de dépôt de sept
fonctionnaires de police dans l’affaire
concernant Samba Fayçal Ouorou Gani,
retrouvé mort le 19 novembre après un
contrôle policier.
Les prisonniers et prisonnières du pays
étaient toujours détenus dans des cellules
sales et surpeuplées, sans accès suffisant à
l’eau potable ni à des traitements médicaux.
Selon le directeur général de l’administration
pénitentiaire, les 11 centres de détention du Bénin accueillaient en septembre plus de
19 000 personnes, ce qui représentait
environ 300 % de leur capacité. Faute de
place, la plupart des détenu·e·s dormaient
par terre sur le côté, sans même pouvoir se
retourner. Malgré la chaleur excessive, la
majorité des prisons n’étaient pas équipées
de ventilateurs. Une odeur fétide régnait
dans les bâtiments et les cellules en raison
du manque d’installations sanitaires. Le
personnel médical était insuffisant et des
détenu·e·s ont indiqué que, souvent, les
médicaments dont ils avaient besoin.