Le Commissaire Serge PRINCE AGBODJAN, Rapporteur Général de la Commission Béninoise des Droits de l’Homme, a procédé le 30 juillet 2024, à l’ouverture de la rencontre périodique des acteurs intervenant en faveur des enfants en milieu carcéral. Initiée par L’ONG Enfants Solidaires d ’Afrique et du Monde (ESAM), cette rencontre qui s’est tenue à la Maison de la Société Civile (Cotonou), a connu la présence de plusieurs membres des Organisations de la Société Civile travaillant sur la thématique et de Monsieur Abdel Aziz AKAMBI, Juriste et Assistant de la Sous-Commission 1 ‘’ Enfants, apatridie, Réfugiés, Immigrants et personnes déplacées internes’’ à la Commission Béninoise des Droits de l’Homme (CBDH).
Dans son mot d’ouverture, le Commissaire Serge PRINCE AGBODJAN, a rappelé les dispositions de l’article 68 de la constitution béninoise qui impose le respect des droits de l’homme et des libertés publiques en toutes circonstances. A ce titre, il a rappelé que la défense des droits humains tels que le bien être, le droit à l’éducation et à la réhabilitation devrait être au chœur de toutes nos préoccupations. Pour lui, les enfants n’ont pas leur place en prison et s’ils s’y retrouvent cela pose véritablement un problème dont l’analyse du contexte interpelle à plus d’un titre le comportement sociétal de la population béninoise et de la non application de certaines dispositions du Code de l’enfant.
Après avoir salué les mérites de cette assise qui offre la possibilité aux acteurs d’échanger sur les difficultés et les possibilités d’une synergie d’actions pour améliorer les conditions de vie de ces enfants, il a rappelé la situation peu reluisante des maisons d’arrêts qui sont confrontées aux problèmes de la surpopulation carcérale et bien d’autres difficultés sanitaires.
Cette situation préoccupe à plus d’un titre la Commission, qui a sollicité et obtenue de l’Association Francophone des INDH (AFINDH) un financement pour organiser courant début septembre 2024 un séminaire qui regroupera tous les acteurs principaux intervenants dans le domaine pour se pencher sur la question en vue de la mise en place d’un cadre de concertation entre elle et ces derniers. Il a invité ensuite les participants à des échanges fructueuses qui permettront d’affiner une feuille de route en vue de la préparation de ladite rencontre avant de procéder enfin à l’ouverture des travaux dans une ambiance conviviale.
A la suite de cette allocution, les participants ont échangé sur les différentes actions menées au niveau des onze (11) maisons d’arrêts de même que les difficultés auxquelles leurs organisations sont confrontées. Entre autres actions réalisées par les OSC, il a été réalisé par l’ONG Bénin Excellence, la prise en charge sanitaire de tous les détenus sans exceptions (consultation médicale et traitements) à travers un pool de 11 médecins spécialistes, l’installation des bibliothèques dans toutes les maisons d’arrêts, l’accompagnement des enfants dans les centres de santé de référence. En 2023, cette contribution de l’ONG Bénin excellence s’est élevé à 120 millions. Monsieur Babylas GBAGUIDI au nom de Prisonniers Sans Frontières (PSF) a rappelé les différentes initiatives conduites en collaboration avec l’Agence Pénitentiaire du Bénin (APB), les décideurs à divers niveau et le cadre de dialogue mis en place pour faciliter les échanges. Il a en outre informé sur les actions d’écoute à l’intérieur des prisons, la recherche des parents dont les enfants sont incarcérés, les cours d’alphabétisation et autres actions avec les corps de métiers en vue d’une meilleure réinsertion des détenus à leur sortie.
Quant aux autres organisations, la plupart a contribué à travers des accompagnements psychologiques, spirituelles, l’écoute, des formations professionnelles artisanales et des activités récréatives et de réjouissance.
Parmi les difficultés, les participants ont dénoncés presque à l’unanimité les mesures de restrictions auxquelles sont confrontées les membres de leurs organisations pour accéder aux lieux de détention, la difficulté relative à la politique de mutation périodique des régisseurs qui ne leur permettent pas souvent la capitalisation des acquis, l’absence de centre de transit pour faciliter l’insertion entre le moment de la sortie de prison et le retour dans le milieu familial et la réticence des magistrats à effectivement condamner les détenus aux Travaux d’Intérêt Général (TIG) malgré l’effectivité des décrets d’application pris dans ce sens.
Ces différents échanges ont permis aux participants d’identifier des pistes de solutions et les actions de synergies possibles pour une meilleure protection des détenus en particulier, les enfants.