A la faveur d’une conférence de presse organisée par Amnesty International Bénin ce mardi 10 décembre 2024 à Cotonou, l’organisation fait le point de la situation des droits humains.
Au cours de cette rencontre avec les hommes des médias, AIB a fait sa lumière sur les expulsions forcées, la détention arbitraire, le terrorisme et droits humains puis les violences policières.
Pour Dieudonné Dagbeto et son équipe, la situation dans les prisons n’est pas reluisante. Il fait savoir que son organisation a rendu public le 1er août 2024 un communiqué de presse long sur la
situation des droits humains dans les prisons et maisons d’arrêt du Bénin et ce, à la suite d’un monitoring qui a eu lieu du 19 juin au 21 juillet 2023. Un communiqué long qui est accessible ici
https://www.amnesty.org/fr/latest/news/2024/08/benin-des-detenu-e-s-enfermes-dans-des-cellules-surpeuplees-et-sales-par-de-fortes-chaleurs-se-voient-refuser-des-soins-de-sante/.
Aux dires des conférenciers, ce communiqué évoque plusieurs manquements au droit national et international en matière de détention. Le monitoring a révélé que les prisons et maisons du Bénin sont surpeuplées et l’effectif a plus que doublé si non presque triplé entre 2016 et 2024. Les détenus sont contraints de se coucher au sol sur le côté et sans réelle possibilité d’aération. D’autres problèmes liés à l’accès à l’eau, à la santé ont été également relevés. Une correspondance en guise de droit de réponse a été envoyée aux autorités béninoises quelques semaines avant la sortie du communiqué avec des questions sur certains
aspects de la documentation sans réponse. Quelques jours avant la sortie du communiqué, le
gouvernement a pris la décision en conseil des ministres de réhabiliter cinq maisons d’arrêt.
En ce qui concerne les expulsions forcées pour le tourisme et l’aménagement du littoral, Amnesty International Bénin fait savoir que plus de 24.000 signatures ont été recueillies demandant au Président de la République de prendre des mesures urgentes pour explorer les options de dédommagement pour Kassa Rigobert et toutes les personnes expulsées de Fiyegnon 1 et qui n’ont pas encore bénéficié d’indemnisation. Au
deuxième trimestre de l’année 2024, une délégation d’Amnesty international a été reçue par
Abdoulaye Bio Tchané, Ministre du plan, du développement et de la coordination de l’action
gouvernementale pour la présentation de la démarche et des conclusions du rapport sur les
expulsions forcées publié en décembre 2023. Au demeurant, le gouvernement a pris en conseil des ministres en juillet la décision de dédommager les personnes affectées par le projet de construction et d’exploitation du terrain de golf championship de 18 trous à Avlékété.
Abordant les questions de détention arbitraire, Amnesty International Bénin invite les autorités du Bénin à libérer Joël Aïvo comme le demande le Groupe de travail de l’ONU sur la détention arbitraire. Selon son avis, la détention de l’opposant est arbitraire car dépourvue de base légale et viole son droit à un procès équitable. En décembre 2021, Joël Aïvo avait été condamné par la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme à 10 ans de prison pour complot contre la sûreté de l’État. Reckya Madougou, candidate à l’élection présidentielle a été arrêtée le 3 mars 2021 sur la base d’un mandat daté du 1 er mars 2021 et émis par le Procureur spécial de la CRIET.
En décembre 2021, elle a été condamnée à 20 ans de prison pour «complicité d’actes terroristes ». Dans son avis du 7 novembre 2023, le Groupe de travail des Nations unies sur la détention
arbitraire a qualifié sa détention comme étant arbitraire et demande sa libération immédiate.
Les responsables d’Amnesty International Bénin se sont également prononcées sur le terrorisme et les droits humains. Ils font savoir aux hommes des médias que l’organisation a documenté dans un rapport publié en août 2024 des conditions de
détention qui violent les Règles Nelson Mandela. Le rapport ne se focalise pas sur les personnes
détenues pour leur appartenance présumée à des groupes armés. Néanmoins les délégués
d’Amnesty International ont visité dans le cadre de cette recherche la prison de Missérété, où sont détenues ces personnes. Nous avons constaté que les membres présumés des groupes armés ne
sont autorisés à sortir de leurs cellules qu’une ou deux heures par jour et sans possibilité d’accès à la cabine téléphonique. Certains peuvent rester des jours sans se laver.
Ils n’ont pas manqué d’évoquer les violences policières, Amnesty international a suivi et documenté les violences policières commises au Bénin en 2024. AIB souhaite que la police cesse d’utiliser la force au mépris de la
loi et que les agents qui commettent de tels actes soient amenés à rendre des comptes.
Les pouvoirs publics, y compris la police, sont tenus de faire tout leur possible pour respecter et protéger le droit à la vie, et les citoyens contre les brutalités policières.
Gatien ELEGBEDE