Au Bénin, les voix se délient. Le vent de la dénonciation souffle Après plusieurs années de sensibilisation pour la dénonciation des faits et actes de violences à caractère sexuel, l’actualité béninoise s’enrichit, depuis quelques semaines, de témoignages de victimes.
C’est d’abord la chanteuse Sessimè Guédou, qui profitant de la célébration de l’édition 2020 de la Journée internationale de la femme, relate une situation bouleversante qui fera l’objet de nombreux commentaires dans sur les réseaux sociaux.
« Il forçait, il forçait, il forçait et à un moment donné, il a déchiré mes trucs [vêtements, ndlr] et je me débattais ». « Je criais, mais il me dit qu’il n’y a plus personne ». À bout de souffle après un bon moment de lutte avec le prédateur sexuel, l’artiste a voulu se faire croyante, le pire pour sa vie. « J’ai commencé par pleurer et à un moment donné, j’étais à bout de force, j’étais essoufflée. J’ai dit ok, fais ce que tu veux faire », relate ainsi sur la radio ivoirienne VIBE le 07 mars dernier, la chanteuse meilleure artiste 2019 au BENIN TOP 10 AWARDS en évoquant une tentative de viol sur sa personne.
Ce récit poignant d’une figure publique bien connue est renforcée par la sortie, le 1er Mai d’une autre, non moins connue : Angéla Kpeidja.
Journaliste à la chaîne de télévision publique béninoise ORTB depuis une quinzaine d’années, la spécialiste des questions de santé dénonce des actes de harcèlement sexuel et de viols de la part de certains de ses responsables. Pricille Imelda de la télévision privée E-Télé lui emboîte les pas avec un témoignage édifiant sur ses déboires dans certaines entreprises de presse béninoises.
Le Bénin embarque dans le mouvement #MeToo
En 2006, Tarana Burke, une travailleuse sociale originaire de Harlem (New York), lance une campagne de soutien aux victimes d’agressions sexuelles dans les quartiers défavorisés. Pour appuyer sur l’empathie et la solidarité, elle choisit un nom très court à cette initiative : « Me too » (« moi aussi »). Deux petits mots que la militante, qui a elle-même subi des violences sexuelles, regrette de n’avoir pas su dire plusieurs années auparavant à une fille de 13 ans qui s’était confiée à elle sur les viols à répétition de son beau-père. Tarana Burke ne pouvait pas s’imaginer que, dix ans plus tard, « Me too » galvaniserait des dizaines de milliers de femmes et les encouragerait à partager leur histoire. Que ce « moi aussi » serait désormais le nom d’un mouvement social d’ampleur, lancé en ligne par des femmes et à travers le monde. Le mouvement #MeToo est un mouvement social encourageant la prise de parole des femmes, afin de faire savoir que le viol et les agressions sexuelles sont plus courants que ce qui est souvent supposé, et afin de permettre aux victimes de s’exprimer sur le sujet.
« Le mouvement a eu un impact sur la dénonciation de toutes les formes de violences envers les femmes », reconnaissent les organisations de défense des droits de la femme.
En relatant les violences auxquelles elles ont été exposées, dans le cadre privé ou professionnel, Sessimè Guédou, Angéla Kpeidja, Pricille Imelda…s’imposent désormais comme des étendards dans la lutte contre les violences basées sur le genre au Bénin.
Aclan OMIOTAN